Historique

La relaxation

Relaxation est un vocable utilisé dans de nombreux espaces, très variés, du littéraire au scientifique, en passant par le bien-être, la justice ou la santé.

Le mot relaxation date du XIVe siècle, pour la médecine, mais venant du latin "relaxatio" (environ un siècle avant J-C), renvoyant déjà au fait de diminuer la tension.

Pour certains, il découle de pratiques ancestrales, venues d'Orient, remontant ou yoga (premiers écrits environ 300 ans avant J.-C. par Patenjali, en Inde), voire au Zen (il y a plus de 2500 ans).

Pour d'autres, il provient de pratiques également fort anciennes, dans la culture occidentale, qui s'apparentent toutes à la sieste (sexta en latin ; environ un siècle avant J-C) : du repos et de la régénération au plaisir corporel, en passant par l'isolement et l'ennui.

Mais comme chacun sait, les pratiques d'une culture ne sont pas transférables à une autre ; elles perdent alors tout leur sens, devenant des artefacts, aussi séduisants soient-ils, dont l'efficacité est superficielle voire artificielle. Aussi, la relaxation est-elle aujourd'hui une pratique tout à fait singulière, différente de ce qu'elle est ailleurs, ou de ce qu'elle a été avant, et dont les caractéristiques sont inhérentes à l'époque et au lieu. On la retrouve essentiellement dans de nombreux espaces sportifs ou de bien-être, ainsi que dans la santé.

 

La relaxation thérapeutique (thérapies psycho-corporelles)

La relaxation est la concentration de l'individu sur les états du corps, source d'une modification de ses tensions, concentration et tension impactant parallèlement, dans notre culture dualiste, la pensée, en provoquant un état modifié de conscience.

Dans le champ de la santé, paradoxalement, ce sont les psychanalystes (Schultz, 1932) qui se sont les premiers intéressés à la relaxation. Ce n'est en fait pas étonnant quand on sait que l'un des points essentiels de la relaxation est « l'état modifié de conscience », c'est-à-dire la base de l'hypnose, et que c'est des limites de l'hypnose qu'est née la psychanalyse.  Si les travaux de recherche initiaux se sont essentiellement déroulés en Allemagne et en France, ainsi qu'aux Etats-Unis (Jacobson, 1925), par la suite d'autres écoles ont intégré la relaxation dans leurs pratiques thérapeutiques, le plus souvent réduite à une visée de meilleur contrôle émotionnel.

 

Il n'est pas étonnant que les professionnels de santé formés à la psychothérapie s'y soient intéressés, psychothérapie au sens initial du terme, à savoir accompagnement d'un travail sur soi, se différenciant ainsi du soin, action d'un soignant sur un patient en vue de le guérir (au moins partiellement), action directe ou indirecte - quand le thérapeute indique ou discute avec le patient du chemin à suivre. Ainsi, au fil du temps, le terme thérapeutique ou psychothérapique s'est associé à celui de relaxation pour essayer de différencier ces espaces.

Le terme même de relaxation a été maintenu en grande partie de part sa connotation rassurante et attirante, opportunité rare pour les actes thérapeutiques et le milieu de la santé en général.

 

La relaxation peut se pratiquer seul ou en suivant un guide. On retrouve ce guide dans les différentes formes d'activités relaxantes se développant dans la société moderne, mais aussi dans la plupart des thérapies faisant référence à la relaxation, en particulier les techniques actuelles. Dans la relaxation psychothérapique, ce guide disparaît pour devenir un tiers amovible, et un garant du cadre psychothérapique, accompagnant le travail personnel, la méthode devenant un artifice qui permet de se retrouver seul avec soi-même.

La relaxation renvoie à la réalité corporelle et non à la parole construite par la pensée (elle-même limitée par la censure). Elle est donc probablement le moyen le plus profond d'accès à son histoire complète, pour retrouver une cohérence interne en questionnant inconsciemment les fausses croyances accumulées.

 

Ainsi on retrouve la relaxation dans les activités proposées à la société de consommation, mais également aux patients dans les institutions modernes, associant des prestations de confort et de bien-être, dans l'idée d'une amélioration de la qualité des soins. On retrouve aussi la relaxation dans un nombre croissant de thérapies, se réclamant le plus souvent d'un mélange de modernité et de pratiques ancestrales, inondant les espaces de soins et les médias. On retrouve enfin la relaxation dans les démarches les plus psychothérapiques, elles de plus en plus rares, car ardues dans la formation comme dans l'exercice. Au total toutes ces pratiques ont leur utilité, et il est dommage que la « guerre des relaxations » amène progressivement à la disparition de certaines d'entre elles.

Le terme peut donc paraître mal choisi, renvoyant même à la physique, aux mathématiques, ou au droit, et la Haute Autorité de Santé (HAS) lui a préféré l'appellation « thérapies psycho-corporelles ». Mais on peut aussi penser que c'est là toute l'essence de la relaxation, qui permet au psychothérapeute prudent et compétent d'utiliser tout le champ du possible thérapeutique en fonction du patient qu'il accompagne et de son cheminement.

 

La Société Française de Relaxation Psychothérapique

En France, dans les années 50, se développe la formation à la relaxation dans le monde hospitalier, principalement à Strasbourg (Robert Durand de Bousingen) et à Paris (Michel Sapir), sous l'égide de la Société Française de Médecine Psychosomatique, avec son premier congrès à Vittel en 1960.

L'évolution internationale de la recherche en relaxation génère la formation de différents groupes, dont certains sortent des limites de la psychanalyse. L'équipe de Raymond Jarreau et Reine Klotz, de l'hôpital Beaujon, ayant travaillé avec Sapir, rejoint le groupe A.C.T. de l'hôpital Necker (E. Debure et M. Pellerin), avec Michel Erlich, et le groupe G.R.A.S.P. de l'hôpital de la Salpêtrière, avec Henri Wintrebert et Yves Ranty. Ils créeront ensemble l’IFERT (Institut de Formation et d’Etudes En Relaxation Thérapeutique) en 1985 dans le but de former les thérapeutes aux relaxations.

L’IFERT organisera à Paris en 1987 le 1ercongrès international de relaxation, duquel va naître la SFRP (Société Française de Relaxation Psychothérapique), le 9 mars 1988. En effet, si l’IFERT était voué à la formation des relaxateurs, la création d'une Société Savante permettant de rassembler et de partager les différentes approches de la relaxation, afin d'en enrichir la pratique et le développement, aurait aussi pour fonction d'éviter les dérives et les récupérations de cette activité thérapeutique très attractive.

Certains groupes ont continué à fonctionner en parallèle à la SFRP, comme l'APERSD (Association des Psychothérapeutes en Relaxation Statico-Dynamique) à Paris, ou l'EFTA (Ecole Française du Training Autogène) créée en 2010 à Limoges. Depuis 2015, les statuts de la SFRP permettent à une association d'adhérer en tant que telle, dans une idée fédératrice de regroupement des praticiens membres d'une société savante.

En 1997, sous la stimulation de la SFRP, a été créé un Diplôme Universitaire de Relaxation Psychothérapique à Bordeaux, sous la direction de Jean Marvaud. En 2005, ce DU a été relancé à Limoges sous la direction de Philippe Nubukpo et Christophe Peugnet. C'est une formation complète en psychothérapie, abordant la plupart des pratiques en relaxation, en trois ans, s'accompagnant d'un obligatoire travail personnel didactique.

En 2010, compte tenu de la charge administrative croissante, l’IFERT a fusionné avec la SFRP, devenant son Comité Scientifique.

 

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